
La révolution apportée par l’impression 3D, notamment en termes d’éthique
Depuis son invention en 1984 par Chuck Hull, la technique de l’impression 3D ne cesse de se développer au fil des découvertes. Cette révolution aussi extraordinaire que discrète a tout de même une portée comparable à l’invention d’Internet. Elle est d’ailleurs appelée la 4ème révolution industrielle. Cependant, l’utilisation qu’on pourra en faire demain, notamment dans le domaine médical et sportif avec les progrès de la bio impression, comporte des points obscurs en termes d’éthique. En effet, l’avancée spectaculaire amenée par cette invention induit le monde à se poser des questions fondamentales sur l’être humain et sur l’humanité. Irons-nous jusqu’à la création d’un surhomme ? Dans une moindre mesure, le transhumanisme ainsi que l’évolution de l’impression 3D vers l’élaboration d’organes sur mesure ont de quoi fournir de larges sujets de débat.
L’impression 3D est une véritable révolution, puisqu’elle s’applique à des domaines aussi variés que la mode, l’industrie automobile, l’aéronautique, la science et la médecine. En effet, la diversité des matériaux utilisés ainsi que les nombreuses techniques d’impression font que cette invention peut amener à une évolution définitive de l’industrie, ainsi qu’à une modification du mode de vie des personnes l’utilisant.
Ainsi la production risque de considérablement augmenter, car la fabrication d’un objet devient plus facile, plus rapide, et surtout moins coûteuse. On pourrait aussi assister à une démocratisation, puisque le nombre de personnes possédant une imprimante 3D augmentant, l’importance de l’autoproduction s’en trouve accrue.
Cependant, le directeur de CTIF Paul-Henri Renard avertit en disant: “Comme il y a actuellement une frénésie autour de l’impression 3D, il faut éviter à tout prix l’effet bulle car un projet raté pourrait tuer la technologie”.
Cette révolution et ses conséquences potentielles s’appliquent également à la médecine. En effet, une expérience de bio-impression soldée par un échec peut être d’autant plus grave qu’elle touche l’être humain et donc l’avenir de l’impression 3D pour la médecine. Ainsi la continuation de la recherche dans ce domaine ne tient qu’à cette condition, tout s’enchaîne et se construit autour d’elle.
La révolution industrielle apportée par l’impression 3D a donc un impact considérable sur l’être humain.
Effectivement, même si la bio-impression est une solution pour faciliter la transplantation d’organes, effectuer des recherches à ce sujet amène d’autres questionnements et d’autres objets de recherches. Ainsi, depuis quelques décennies, l’évolution importante des sciences conduit certaines personnes, notamment des scientifiques, à orienter leurs recherches sur l’amélioration de la condition humaine et en particulier par l’augmentation des caractéristiques physiques et cognitives, dans un but d’augmentation de la durée de vie des êtres humains. C’est le transhumanisme. Le but ultime de ce mouvement est donc l’apparition d’un nouveau genre humain, appelé “post-humain”. Les caractéristiques humaines telles que la longévité, la rapidité, l’endurance, la mémoire ou l’intelligence des êtres modifiés surpasserait toutes personnes ayant vécu jusque là, et rendraient l’homme quasi immortel. L’homme se dépasse pour atteindre un objectif qui est de le rendre surhumain, les transhumanistes qualifient même leur mouvement de surhumanisme.
Mais cet idéologie et son application à la médecine entraine de nombreuses controverses, surtout concernant la bio-impression 3D.
Pour ces scientifiques, l’homme est considéré comme une machine extrêmement performante dont il leur appartient de découvrir toutes ses subtilités afin de l’améliorer sur le plan physique. Mais cet objectif est considéré par de nombreuses religions comme étant contraire à ce qu’est l’homme. En effet, ces innovations mènent à penser que c’est l’homme qui vient après la technologie, puisque tout est fait pour qu’il soit plus performant sans tenir compte de son humanité. L’impression d’organes peut être vue comme étant une forme de transhumanisme. D’un côté cette innovation permet de prolonger la vie des personnes, mais cette même innovation en entraînera d’autres, qui pourront être détournées et amener l’homme à terme à se “déshumaniser”.
Mais le développement idéal de l’impression 3D médicale peut poser à plus court terme des problèmes majeurs. Par exemple, des inégalités sociales pourraient apparaîtrent, renforçant l’écart actuel existant. En effet, tout le monde ne possède pas les moyens financiers pour se faire “modifier”, les moins aisés pourraient être désavantagés lors d’examens ou même défavorisés pour l’emploi.
De plus, l’intégrité dans les compétitions sportives ne sera plus respectée puisque les sportifs seront plus ou moins modifiés selon les moyens de l’équipe de manière illégale.
Ainsi l’équilibre des systèmes démocratiques modernes sera perturbé, puisque reposant sur le fait que chaque homme doit être respecté et traité de la même manière, l’impression d’organe traiterait en réalité tous les hommes en fonction de leur richesse, et non de leur état.
Depuis le début des années 1990, on observe une prise de conscience progressive de la part des dirigeant de certains pays concernant les problèmes apportés par le transhumanisme. Cela aboutit en 2009 à l’élaboration d’un rapport européen, le Human Enhancement Study. Ce rapport prend acte du transhumanisme comme une réalité dont il est nécessaire de réguler les pratiques juridiquement. Actuellement, des projets de lois sont en cours mais n’ont pour l'instant pas abouti.